A la reprise de l’activité, le 11 mai ou plus tard, nous allons sans nul doute être contraints, particuliers comme professionnels, de continuer à respecter les règles de distanciation sociales et les gestes barrières pendant un certain temps. Voire, cela va peut-être comme en Asie entrer dans notre culture ; et plutôt que les serrages de mains ou la « bise », le salut japonais va-t-il devenir la règle ?
Le port du masque va aussi demeurer une contrainte forte lors des rencontres avec les clients (estimations, visites, rendez-vous de signatures,…).
Les professionnels du diagnostic ont déjà mis en place des procédures pour pouvoir reprendre leur activité en toute sécurité, il est fort à parier que cela va s’étendre aux agents immobiliers.
On peut aussi penser que certains particuliers, pour limiter les risques, ne voudront pas réaliser eux-mêmes les visites de leur bien ; et laisser les professionnels s’en charger, avec gants, masques et sur-chaussures ?
C’est à mon avis un grand OUI !
Dans notre réseau nous y avons déjà recours, car les visites virtuelles qu’elles soient en amont de la visite, pour discriminer le bien chez les candidats acquéreurs ou les visiteurs pour les agents, ou bien en aval, pour revoir le bien, le montrer à ses proches, son architecte, son entrepreneur…, permettent de limiter le nombre de visites et « revisites » réelles.
En effet le recours à la visite virtuelle est à la fois bon pour la santé, économique et écologique :
- Bon pour la santé car moins de visites égal moins de risques.
- Economique en temps, donc en argent, car cela permet de réaliser un « premier tri » chez les acquéreurs potentiels et d’éviter ainsi les visites inutiles pour tout le monde (vendeurs, acquéreurs, agent) et rend le professionnel plus efficient.
- Ecologique car tout déplacement évité (en voiture, transports en commun,…) c’est une production de CO2 évitée également, et moins de CO2 c’est bon pour la planète !
Il est donc à parier que certaines sociétés ou produits de visites 360° comme Matterport, Nodalview, Prévisite,… ont de beaux jours devant eux, tout comme le nouveau portail immobilier Doorinsider, qui systématise la visite virtuelle dans ses annonces.
Sachant que je préfère la visite 360, où le visiteur est actif, se déplace à sa guise comme il le souhaite et qui lui permet de s’approprier le bien, à une vidéo face à laquelle il est passif et la subit, sans pouvoir interagir. L’intérêt de la vidéo résidera davantage dans son attractivité et sa mise en avant sur les réseaux sociaux.
L’expérience de cette pandémie et le confinement imposé qui en résulte, met en évidence de manière criante la nécessité d’accélérer la dématérialisation des processus, chez toutes les parties prenantes d’une transaction immobilière.
La signature électronique sécurisée à distance des mandats, promesses, baux,…. déjà adoptée par certains professionnels (agences, réseau de mandataire, notaires,…) va obligatoirement s’accélérer, pour ne plus revivre cette expérience de blocage des transactions.
La signature de certains actes authentiques à distance, est possible aujourd’hui suite à une ordonnance, mais de façon temporaire. Nous en profitons d’ailleurs ici pour remercier vivement les notaires qui ont pu nous aider à finaliser certains dossiers de ventes malgré la situation actuelle extrêmement compliquée.
Mais afin d’assurer, à l’avenir, la fluidité et la continuité de l’activité de transaction immobilière qui le concerne en premier chef, le notariat va devoir se pencher avec une acuité plus aiguisée encore qu’aujourd’hui, sur la mise en place dans le plus grand nombre d’études, de procédures de vérification d’identité, et de signatures électronique à distance pérennes ; tout en conservant bien sûr la protection indispensable que revêtent les actes authentiques. Il faudra pour cela qu’un maximum d’études notariales soient équipées, ou bien que l’investissement soit partagé entre plusieurs études.
Sans vouloir rentrer dans la science-fiction, et pour peu que les parties l’acceptent, les technologies de reconnaissances faciales ou rétiniennes pourraient également les y aider.
Mais comme nous le savons tous, le processus de transaction immobilière, comprend aussi des acteurs externes comme les services publics de la publicité foncière (pour connaitre la situation hypothécaire des biens et retrouver les règlements ou modificatifs et annexes de règlements de copropriété), les mairies et préfectures (pour les autorisations d’urbanisme et le droit de préemption), les services des carrières, les syndics.
Tous ces intervenants vont devoir eux aussi accélérer dans la nécessaire dématérialisation des documents et leur accès à électronique sécurisé, par les agents ou notaires pour qu’ils puissent s’assurer de la continuité de l’activité et des transactions immobilière.
La réponse électronique, rapide et dématérialisée par les mairies ou préfectures aux déclarations d’intention d’aliéner devra être mise en place rapidement, car c’est actuellement un des points de blocage les plus importants.
Toujours dans cette même optique de fluidité, les syndics, pour la plupart desquels c’est déjà une obligation en fonction des copropriétés avec la mise en place d’un extranet, doivent mettre à disposition gratuitement des copropriétaires, de manière dématérialisée, tous les documents de la copropriété nécessaires à une transaction.
Concernant les déménagements, comme pour de nombreuses filières, ils vont devoir s’organiser en respectant les gestes barrières et la distanciation sociale. Cela ne semble pas être une mince affaire.
Pour la visite avant-vente, plusieurs alternatives s’offrent aux acquéreurs, soit un intermédiaire peut s’en charger avec un appel visio en direct, soit en venant sur place avec le port de masques, et en respectant les règles sanitaires. Pour le relevé des compteurs, les compteurs Linky pour l’électricité et Gaspard pour le gaz, assurant des télé-relevés sans déplacement d’un technicien, vont peut-être regagner en confiance suite à cet épisode.
Pour la remise des clés, au vu du développement réduit des serrures électroniques (à ouverture par téléphone avec technologie bluetooth par exemple), la solution « à l’ancienne » de remise en mains-propres (après friction au gel hydro-alcoolique) reste pour le moment la seule.
*Proptech : abréviation de "Property technology", les PropTech sont nées de la volonté de transposer les nouveaux usages de l’économie numérique et collaborative dans l’immobilier et ainsi utiliser ces nouvelles technologies dans les processus d'achat immobilier.